Comment gérer et sortir d’un trouble bipolaire? Les solutions
Rédigé par : Loris Vitry (coach holistique)
Supervisé par : Cathy Maillot (ostéopathe)
Avertissement : Si vous avez des questions ou des préoccupations médicales, veuillez en parler à votre médecin. Même si les articles sur ce site se basent sur des études scientifiques, ils ne remplacent pas un avis médical professionnel, un diagnostic ou un traitement.
Le trouble bipolaire… on entend souvent parler d’elle, cette maladie mentale souvent associée aux troubles de l’humeur, sans pour autant connaître ni vraiment comprendre ce que c’est. Le trouble bipolaire, longtemps appelé « trouble maniaco-dépressif » ou « psychose maniaco-dépressive » est une maladie causant des dérèglements de l’humeur de la personne qui en souffre. Bien que cette maladie puisse prendre plusieurs formes, elle se présente dans sa forme typique comme une alternance entre des périodes d’exaltations de l’humeur dites « épisodes maniaques », et des périodes de fléchissement de l’humeur également appelées « épisodes dépressifs ». En France, selon la fondation FondaMental qui est entièrement dédiée aux maladies mentales, les troubles bipolaires concerneraient entre 1 à 2,5 % de la population, soit entre 650 000 et 1 650 000 personnes. Touchant autant les hommes que les femmes, cette pathologie d’ordre mental apparaît généralement entre 15 et 25 ans, et persiste toute la vie. Comment vivre avec ce trouble ? Comment le soigner, et comment s’en défaire ?
C’est quoi le trouble bipolaire ?
Par définition, le trouble bipolaire est une pathologie affectant l’humeur de la personne qui en souffre. Cette maladie se caractérise principalement par une alternance de deux phases. La première est la phase d’exaltation de l’humeur. Il s’agit de la période maniaque, durant laquelle l’énergie de la personne augmente, s’accompagnant d’une hyperactivité. La deuxième phase, par contre, est une phase de dépression qui peut parfois durer assez longtemps. Entre ces deux phases, il y a également une période pendant laquelle l’humeur est plus ou moins normale et stable.
Pendant les périodes maniaques, la personne qui souffre de syndrome bipolaire est facilement irritable et hyperactive. De fait, elle ressent peu l’envie et le besoin de dormir ; et présente souvent une estime d’elle-même qui peut parfois être exagérée. Généralement, durant cette période, la personne ressent un sentiment de toute-puissance qui lui permet de prétendre à tout.
Cependant, durant les périodes dépressives, les faits sont totalement inverses. Le niveau d’énergie de la personne est anormalement bas. Elle ne fait ainsi qu’errer, voire se cantonner dans sa bulle. Dans le cas d’une personne qui travaille, elle ne fera que procrastiner, sans pour autant avancer sur ce qu’elle fait. Plus encore, son humeur est maussade, triste et dépressive, avec une perte d’intérêt pour les diverses activités et projets qui l’intéressent d’habitude.
Causes et statistiques de la maladie
Jusqu’à maintenant, malgré de nombreuses études et observations de scientifiques, médecins et spécialistes, il n’existe aucune explication sure quant à la vraie cause d’un trouble bipolaire. Les probabilités avancent toutefois une cause multifactorielle, faisant intervenir des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux.
Pour ce qui est de la question biologique, des anomalies d’ordre neurologique sont identifiées au niveau des neurotransmetteurs dans le cerveau de la personne qui souffre de cette maladie de bipolarité. Ainsi, durant les périodes maniaques, le taux de noradrénaline est anormalement élevé. Quant au côté génétique, les risques sont plus élevés dans le cas où plusieurs ascendants ou personnes de la famille ont déjà été touchés par le problème.
Cette pathologie assez contraignante affecte la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes, mais elle peut, toutefois, être prise en charge. Elle entraînerait une réduction de l’espérance de vie des personnes touchées de 10 ans en moyenne par rapport aux autres.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classe cette maladie au 6e rang mondial des handicaps d’origine psychique chez les 15 à 44 ans. En effet, cette maladie touche principalement les personnes âgées de 15 à 25 ans, et sévit pendant plusieurs années. En France, elle concerne environ 1 à 1,5 % de la population. Il faut savoir que de nombreuses personnes souffrant de dépression ont déjà cette pathologie. Cependant, de nombreux cas ne seront pas diagnostiqués lorsqu’ils se présenteront chez le médecin généraliste ou chez le psychiatre. La raison en est toute simple : les symptômes de la maladie sont souvent difficiles à souligner et à détecter. Ceux-ci se présentent comme des signes normaux qui ne permettent pas de les définir comme symptômes d’un mal-être plus profond.
Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?
Les troubles maniaco-dépressifs peuvent se présenter sous plusieurs formes, mais, généralement, il s’agit de l’alternance de deux épisodes : l’épisode maniaque et l’épisode dépressif.
L’épisode maniaque
Cet épisode se déroule pendant un laps de temps nettement limité, pendant environ une semaine. Durant cette période, l’humeur et l’énergie de la personne sont élevées de manière persistante et anormale. Plusieurs symptômes permettent de détecter d’emblée que la personne vit un trouble bipolaire. Elle communique plus différemment que d’habitude, en parlant énormément, en interpellant des inconnus, en accélérant le débit, en faisant fréquemment des jeux de mots ou en passant du coq à l’âne.
Elle peut être hyperactive, euphorique et facilement irritable. Généralement, la personne peut être amenée à faire de multiples projets, puis perdre toute inhibition, faire des dépenses inconsidérées et finalement perdre son objectivité. Pendant la période dite maniaque, le patient peut également faire preuve d’un optimisme à toute épreuve. Celui-ci s’accompagne également d’une augmentation de l’estime de soi, qui peut même mener la personne à des idées mégalomaniaques.
Le patient se voit alors comme une personne d’exception qui est capable de donner son avis sur des sujets complexes, ou même d’entreprendre des projets grandioses sans même avoir des compétences précises sur la question. Cela peut être la création d’une entreprise, l’écriture d’un livre, la promotion d’une invention irréaliste… Dans la vie professionnelle du patient, cet épisode se traduit par une hyperactivité et un excès de zèle au travail. Mais, ces rêveries n’aboutissent généralement pas.
Dans certains cas, le patient peut même développer une hypersensibilité : avoir une acuité auditive ou oculaire plus pointue. Il reconnaît même les odeurs et les sensations plus facilement.
Il faut également souligner qu’il existe un état de désinhibition dans le cadre de sa vie professionnelle, de sa vie affective, de sa vie sexuelle et de sa vie sociale.
Mais la personne devient lunaire et l’épisode dépressif commence…
L’épisode dépressif
Pendant cette période, par contre, l’humeur, l’énergie et l’activité sont en nette diminution. De fait, la personne entre dans une période de dépression quasi totale, perdant foi à la vie et à tout ce qu’elle entreprend. La personne est entièrement ralentie, triste, et perd le goût à la vie, finissant ainsi à se mettre en retrait social. Elle a également de grosses difficultés à exécuter ses activités quotidiennes, à se concentrer ou à prendre des décisions. Pendant cette période, elle se sent dévalorisée, coupable de tout et n’importe quoi, et peut même avoir des idées suicidaires.
Catégorisation suivant les symptômes
Ce n’est pas pour rien que le trouble bipolaire est également appelé « psychose maniaco-dépressive ». En effet, cette pathologie entraîne parfois une certaine forme de psychose qui fait notamment partie de ses symptômes. Selon la haute autorité de santé, les symptômes d’un trouble de psychose maniaco-dépressive peuvent inclure des formes de psychoses pouvant être des hallucinations ou des accès de délire.
Selon les formes symptomatiques, les personnes qui souffrent de cette pathologique peuvent ainsi être :
• des hypomaniaques : les symptômes sont principalement les alternances d’humeur et d’énergie, mais pour cette forme, l’intensité est assez réduite lors des épisodes dits maniaques ;
• des maniaques sans psychose : il s’agit des personnes qui souffrent de cette pathologie, mais qui n’ont pas pour autant d’accès de délire, d’hallucinations, ni de psychoses ;
• des maniaques avec des symptômes psychotiques : à l’inverse des maniaques sans psychoses, ceux-ci souffrent principalement de troubles maniaco-dépressifs, et ont des symptômes psychotiques ;
• des dépressifs sévères sans symptômes psychotiques : pour ces personnes, l’épisode dépressif est plutôt intense, mais il n’y a pas d’accès de psychose pour autant ;
• des dépressifs sévères avec symptômes psychotiques : en plus de la dépression qui pèse sur eux, ces personnes souffrent également de délires psychotiques ou d’hallucinations.
• mixtes avec délires psychotiques : lors des périodes de troubles, que ce soit pendant l’épisode maniaque que pendant l’épisode dépressif, l’intensité soit la même. Plus encore, la personne souffre de troubles psychotiques, à savoir des hallucinations ou des délires psychotiques.
• mixtes sans symptômes psychotiques.
Dans sa version la plus récente, datant de 2014, le DSM-V ou manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux a établi une nouvelle manière pour catégoriser les différents types de troubles bipolaires. Cette catégorisation se fait comme suit :
• troubles bipolaires de type I : qui se caractérisent par la présence d’au moins un épisode maniaque ou mixte ;
• troubles bipolaires de type II : qui se démarquent par les épisodes dépressifs majeurs et au moins d’un épisode d’hypomanie ;
• troubles bipolaires non spécifiés.
Les autres symptômes
En plus de ces deux phases, il y a également une troisième qui intervient. Celle-ci peut varier dans la durée et se démarque par une humeur et une énergie assez stables. Pendant chaque phase, le patient peut souffrir d’insomnie, qui peut parfois même être persistante et entraîner d’autres conséquences.
Il faut également noter le fait que les troubles de l’humeur peuvent arriver sans raison apparente, ou à cause de facteurs déclenchants. Ces facteurs peuvent être des évènements de la vie quotidienne, d’ordre personnel ou professionnel. Ces évènements peuvent être positifs, déclenchant ainsi une phase maniaque, ou négatifs, ce qui causera des épisodes dépressifs. Ces épisodes peuvent être d’intensité et de durée variables.
Les évolutions dans le cas d’un trouble bipolaire
Même sous traitement, les troubles bipolaires sont fortement caractérisés par une succession d’épisodes et de rechutes fréquentes. Les risques sont ainsi omniprésents, et peuvent parfois être assez grands. Le risque de suicide est le plus à craindre dans le cas des personnes qui souffrent de cette pathologie.
Par ailleurs, pour des raisons biologiques qui restent jusqu’à maintenant inconnues et mal comprises, les personnes souffrant de troubles bipolaires ont également un risque cardio-vasculaire accru. Cela augmente les risques de maladies métaboliques et des pathologies d’origine hormonale.
Ainsi, des études ont montré que les patients souffrant d’un trouble de psychose maniaco-dépressive ont une espérance de vie réduire de 10 à 11 ans en moyenne par rapport à celle des personnes normales.
Il faut également noter l’importance des risques liés aux phases dépressives et maniaques de la maladie. La personne est le plus souvent instable et, surtout, émotionnellement.
Comment est diagnostiquée la maladie ?
De par l’absence de symptôme très marquant, il est difficile de reconnaître un trouble bipolaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que la maladie est jusqu’à maintenant encore sous diagnostiquée. En cas de suspicion de trouble bipolaire, le patient ou la famille du patient peut l’emmener consulter un psychologue ou un psychiatre qui pourra confirmer au mieux le diagnostic.
Toutefois, afin de confirmer un diagnostic précis, le spécialiste sera amené à faire une observation du patient pendant une certaine période, notamment pour avoir des données plus fiables quant aux phases dépressives et maniaques.
Dans certains cas, les examens peuvent inclure une analyse sanguine, mais commenceront principalement par un bilan de santé complet du patient. Durant l’examen, le médecin sera amené à déterminer si le malade n’aurait pas une addiction à l’alcool, aux drogues ou à des substances similaires qui pourraient être à l’origine des symptômes.
Y a-t-il des préventions et traitements possibles ?
Prévention des troubles ou de leur évolution
Bien qu’il n’existe pas réellement d’explication exacte sur l’origine réelle des troubles bipolaires, il est impossible de se prononcer avec précision sur les techniques de prévention de la maladie. Toutefois, une fois que le médecin a précisément identifié la maladie, il est possible de prévenir l’apparition de certains symptômes ou, du moins, d’en réduire l’intensité. Pour cela, le respect d’une hygiène de vie plus ou moins stricte est nécessaire. Cela inclut entre autres :
• de dormir suffisamment ;
• d’avoir un rythme de vie optimale qui n’est ni trop actif ni peu actif ;
• d’éviter de boire de l’alcool ;
• d’éviter les drogues et le tabac ;
• d’exercer une activité sportive régulièrement ;
• d’avoir une alimentation saine et équilibrée ;
• d’éviter les médicaments sans avoir un avis médical ;
• d’éviter autant que possible les facteurs de stress ou d’angoisse.
En d’autres termes, ces solutions sont plutôt proposées dans le but d’aider la personne à vivre avec sa maladie, tout en essayant de le guérir. Il faut savoir, en effet, que de nombreux malades bénéficient aujourd’hui d’une meilleure insertion socioprofessionnelle afin de mieux gérer leur trouble. Ainsi, entre deux crises, la personne peut travailler et vivre normalement. Toutefois, le suivi psychiatrique doit toujours se faire, même en l’absence de symptômes après une certaine période de traitement médicamenteux.
Traitement des troubles bipolaires
Le suivi du patient qui en souffre, tout comme le traitement d’un tel trouble est habituellement à vie. Cependant, si la maladie est diagnostiquée plus tôt, et que le traitement commence plus tôt, les chances de rémission sont fortement élevées. Il faut ainsi souligner que l’évolution de la maladie dépend principalement de l’observance des traitements, et sa prise en charge dépend à la fois d’un traitement médicamenteux et d’un suivi psychothérapeutique.
Le traitement médicamenteux doit se faire avec un suivi médical méticuleux, et ne doit être coupé sous aucun prétexte, même s’il y a disparition des symptômes. Si les épisodes dépressifs ou maniaques durent souvent entre 6 et 8 mois, cette durée peut être largement réduite grâce à un traitement médicamenteux.
Ce traitement inclut principalement des anxiolytiques et des antidépresseurs qui sont principalement pris durant les épisodes dépressifs. Accompagné de séances de psychothérapie, ce traitement permet un rétablissement rapide du patient, si, toutefois, le traitement est bien suivi.
Il arrive également, dans les cas difficiles, que l’électro-convulsivothérapie ou sismothérapie soit la plus conseillée. Cette technique consiste principalement à appliquer un courant électrique d’intensité variable à travers le cuir chevelu du patient. Il s’agit d’impulsions électriques servant à remettre de l’ordre dans les neurotransmetteurs. Lors des épisodes maniaques, certains traitements associés à la psychothérapie peuvent mener à la régression des troubles. Il s’agit notamment des sédatifs neuroleptiques, des hypnotiques ou des thymorégulateurs.
Comment réagir face aux rechutes ?
Sur le long terme, les thymorégulateurs (valproate de sodium, lithium) aident à la réduction des risques de rechute, impactant par la même occasion sur leur durée. Par ailleurs, les neuroleptiques sont prescrits dans les cas de cycle rapide. Comme la manifestation du trouble bipolaire ne reste pas stable, la difficulté principale de cette maladie réside dans ces rechutes possibles. Par conséquent, même en l’absence d’un traitement ou des symptômes, il est très risqué pour un patient d’arrêter son suivi psychiatrique.
La personne atteinte du trouble de la bipolarité n’est pas toujours consciente de l’insécurité de sa situation, puisqu’elle a une certaine tendance à banaliser sa maladie. La sécurité de son entourage se trouve ainsi peu rassurante. D’où la nécessité d’un suivi psycho-thérapeutique qui a pour objectif de travailler ces questions. Le psychothérapeute a alors pour rôle de faire prendre conscience de sa maladie au patient lui-même. Le malade doit pouvoir reconnaître les signes précurseurs des épisodes de rechute. Cette prise en main peut l’aider à mener une vie normale, en étant mieux préparé à toute phase de rechute. Il faut savoir que la majorité des personnes atteintes des troubles bipolaires, et en cours de traitement, connaît une bonne réinsertion socioprofessionnelle.
Le traitement de l’accès maniaque demeure une urgence thérapeutique. Ainsi, lors des phases de rechute, il est important que le patient soit interné en milieu hospitalier, dans un service de psychiatrie, même contre sa volonté. Le malade doit pouvoir se réhydrater en permanence, et prévenir ainsi tout risque de suicide. En effet, les principaux risques pour une personne atteinte du trouble bipolaire sont le suicide et la désocialisation. Durant les cas d’épisodes maniaques aigus, une mise sous curatelle du patient peut être envisagée.
Une psycho-rééducation est également une issue favorable parmi les traitements du patient. Cette option permet d’anticiper les manifestations brusques du trouble, en réalisant un diagnostic précoce des symptômes, ce qui permet, à terme, d’améliorer les traitements du patient.
Conclusion
Il n’est jamais facile de vivre avec un trouble bipolaire. Cependant, une guérison complète est possible. La première phase consiste à assumer son propre état de santé. Il apparaît que les personnes qui souffrent du trouble bipolaire et associent les traitements médicamenteux à la thérapie individuelle, voire la thérapie familiale, ont de meilleures chances de s’en sortir.
Le soutien des proches et l’effort autonome sont essentiels pour le patient, car il sait qu’il n’est pas seul. Enfin, si votre proche ou une personne de votre entourage souffre d’un épisode maniaque ou d’une dépression grave, n’hésitez pas à appeler un médecin le plus tôt possible.
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